ASSOCIATION SYNDICALE DES DIGUES ET MARAIS DE DOL

 

L'histoire de l'ASA

L’Association Syndicale des Digues et Marais de Dol de Bretagne est un Etablissement Public Administratif. Elle est régie par l’Ordonnance n° 2004-632 du 1er juillet 2004 et de son décret d’application n° 2006-504 du 3 Mai 2006, depuis l’abrogation de la loi du 21 Juin 1865.

Elle a été créée en 1799 pour :

Préserver les propriétés de l’invasion de la mer
Limiter dans le temps les inondations
Gérer et retenir un certain niveau d’eau dans les canaux permettant de garder une humidification en période estivale.
Ces missions sont rendues possibles grâce aux taxes versées par les propriétaires du marais. En effet chaque propriétaire doit payer en fonction de la taille de son terrain et de la valeur locative de son bien immobilier présent dans le marais.

Nous sommes donc dans une association qui a des missions d’intérêt général payées par les propriétaires des marais. Dans certains cas, l’Etat et les collectivités peuvent subventionner les travaux lourds nécessitant des dépenses bien supérieures au montant des taxes perçues.

La gestion actuelle repose sur une histoire riche débutant en 1024 date à laquelle les premières pierres de la digue de la Duchesse Anne ont été posées.

Le marais de Dol de Bretagne se trouve en bordure de la baie du Mont-Saint-Michel.
C’est une vaste fosse marine où les sédiments marins et les alluvions se sont accumulés durant des millénaires, jusqu’à la poldérisation des terrains maritimes qui constituent l’actuel marais. On retrouve des sédiments marins à une profondeur de 12,30 mètres aux abords du Mont-Dol confirmant que ce Mont était autrefois un îlot au même titre que le Mont-Saint-Michel ou le rocher de Tombelaine.
Les scientifiques ont daté le début de la période de sédimentation aux environs de 8200 BP soit 6250 ans AV-JC. Le niveau de la mer y était inférieur de 10 mètres à ce qu’il est aujourd’hui. Le Mont-Dol et Lillemer étaient des îlots au milieu de l’estran. Ils ont résisté à l’érosion de la mer et persistent actuellement dans le paysage du marais. Cette sédimentation a pu se constituer aux cours des siècles grâce à une tendance générale à l’élévation du niveau de la mer, ponctuée de phases de stabilisation et parfois de phases de régression permettant à la végétation de se développer. Il faut aussi noter que l’élévation progressive du niveau marin a eu pour effet d’augmenter le volume des alluvions marines.
Au VIIéme siècle des cordons dunaires se forment au gré des marées donnant la possibilité aux pêcheurs de s’y installer.

La Forêt de Scissy : Légende ou fait marquant de l’histoire de marais
Les scientifiques diront que c’est une légende, certains historiens persisteront à dire que c’est un évènement de notre passé bien réel.
En 709, un raz de marée aurait balayé la baie du Mont Saint-Michel qui était en partie d’après les historiens une forêt appelée forêt de Scissy. Cette catastrophe n’aurait été découverte qu’au 15ème siècle sur un manuscrit anonyme. En effet, il est possible qu’à la fin du 7éme siècle après JC, au nord de ce qu’on appelle aujourd’hui le marais de Dol de Bretagne, existait une immense forêt appelée « Forêt de Scissy ». Une végétation, par contre, était bien présente dans le marais notamment dans sa partie sud puisque des couërons ont été retrouvés dans le marais noir.

En l’an 811, suite à un raz de marée ou une tempête exceptionnelle, la mer va reprendre ses droits et ne s’arrêter qu’aux collines de Châteauneuf d’Ille et Vilaine, Dol de Bretagne et Saint-Broladre.
Pendant plus de deux siècles, les habitants de la région n’eurent ni la volonté, ni les moyens d’empêcher la mer d’envahir ces nouvelles terres aux marées de vives eaux.
Ce n’est qu’en 1024 que les Etats de Bretagne et notamment le Duc de Bretagne Alain V, décident la construction de la Digue de la Duchesse Anne. Cette digue longue de 30 kms qui part de Château-Richeux (commune de Saint-Méloir des Ondes) et aboutit au Couesnon (commune de St-Georges de Gréhaigne) a été construite et terminée après plusieurs siècles. Elle a été construite en deux étapes. Celle-ci protège encore aujourd’hui une surface de plus de 12000 hectares qui constitue l’enclave des Marais de Dol de Bretagne. Dès 1163 et 1169 la mer a passé les digues inondant tout le marais jusqu’à Châteauneuf et Dol. Les digues ont par conséquent été renforcées. 

   A partir du XIIIème siècle les terres en arrière de la digue ont commencé à être mises en valeur et exploitées. Cette terre d’apparence blanche est extrêmement riche et convient parfaitement à l’agriculture. Dans certaines archives on parle d’une des terres les plus fertiles de France.
   Cette mise en valeur passe par le dénoiement du marais grâce à l’évacuation par des fossés, des essais et des biefs. C’est au XIVème siècle que sont creusés les premiers biefs notamment à l’ouest pour assainir le sud du marais qui est la partie la plus basse du marais.
   Plus près de nous, l’Edit d’Henri IV en 1599, inaugure une longue suite de mesures incitatives au dessèchement des marais qui se poursuivront jusqu’aux lois de l’empire (1870). Suite à cet édit, les propriétaires avaient été tenus de déclarer leur intention d’assécher leur terre dans un délai de deux mois au-delà duquel le roi autorisait une compagnie à faire les travaux qui se payait en retenant le tiers des terrains valorisés. Des compagnies hollandaises engagées à cette époque ont connu de multiples obstacles, des oppositions et des échecs de la part des forces locale d’inertie (abbayes, paroisses, communautés et petits seigneurs).
Pendant longtemps les terres de marais étaient qualifiées de terres infertiles, infécondes, insalubres et même dangereuses. Les seigneurs du Moyen-Age les ont abandonnées au profit des religieux (moines dessècheurs et paroissiens …) jusqu’à ce que leur puissance s’affaiblisse au tout début du 17ème siècle et que pour la 1ère fois l’Etat soutient cette œuvre d’assainissement déclarée d’utilité agricole et de salubrité publique.

   En 1778, un nantais nommé GRASLIN, capitaliste foncier et « dessècheur de marais » obtiendra dans les marais de Dol, d’afféager 900 hectares. Il creusera le biez Graslin, dénommé par la suite biez des Peupliers puis Biez du Milieu. On lui doit également l’arche Graslin qui n’est rien d’autre que le petit tunnel qui sert d’exutoire au biez Brillant.
Afféager en droit féodal, c’est concéder des terrains « vagues » à quelqu’un qui dispose de capitaux nécessaires à leur mise en valeur moyennant droit d’entrée et rente annuelle.

   Pour comprendre le statut très particulier de ces terres de marais, il faut savoir que des terres dites « vaines et vagues » sont exploitées collectivement par les habitants d’une paroisse donc à la propriété mal établie étant donné que personne n’était en mesure de présenter des titres de propriété, sinon localement par cet article de la Coutume de Bretagne « Nulle terre sans seigneur ». Le seigneur était donc déclaré possesseur des terres « vaines et vagues » de son fief.
Etant donné que depuis la révolution française entre 1789 et 1799, les digues n’ont pas été entretenues ni confortées, 6000 hectares de terres ont été de nouveau envahis par la mer et bien sûr rendus stériles pendant trois ou quatre ans.
   La période révolutionnaire a été l’une des plus mouvementées pour la digue et le marais. On dénombre près de 22 marées (renforcées ou non par une tempête) sur la période 1791-1800 qui ont engendrées des dégâts allant jusqu’à la submersion partielle du marais.
   C’est à ce moment, fin du 18ème siècle, que les propriétaires, soutenus par l’évêque de Dol de Bretagne, vont se décider à former une Association Syndicale de propriétaires qui fut reconnue par l’Etat le 15 Pluviôse de l’an VII (3 Février 1799).

   Par la suite, la loi du 16 Septembre 1807 (loi du dessèchement) permettra à l’Etat de conduire l’opération de dessèchement ou la concéder à une association syndicale de propriétaires de marais. Cette loi sera considérée comme une innovation institutionnelle pendant la période 1820-1850.
Cette association perdure depuis.
   Elle a amélioré considérablement l’état du marais et l’a rendu beaucoup plus propice aux installations humaines.

UNE TOPOGRAPHIE INVERSÉE

   Le marais de Dol, tel qu’on l’observe aujourd’hui présente un contexte déconnecté des processus sédimentaires naturels de la baie du Mont Saint-Michel depuis la construction de la Digue de la Duchesse Anne. Le marais est donc isolé de toute influence marine. La morphologie du marais est donc restée figée depuis cette époque, abstraction faite des modifications anthropiques (canaux avec leurs levées ou remblais routiers).
Celle-ci est originale puisqu’en bordure du littoral. L’altitude du marais s’élève à plus de 7,00 m voir 8,20 m NGF alors qu’en bordure des coteaux au Sud du marais cette altitude peut descendre à des valeurs voisines de +2,00 m NGF dans les zones de marais noir (Marais de St-Coulban, Petite Bruyère, Grande Bruyère et Pont-Labbat). Cette contrepente dirigée vers l’intérieur nous rappelle que ces zones de marais constituaient des cuvettes occupées par des lagunes permanentes avant la mise en œuvre progressive du dénoiement du marais qui s’est accélérée à partir du 18ème siècle.

Cette topographie inversée est donc problématique pour l’évacuation des eaux douces à la mer puisque naturellement les eaux ont tendance à pénétrer et à stagne dans le marais plutôt qu’à s’évacuer.

LA GESTION DE L’EAU DOUCE

   Afin d’évacuer les eaux à la mer et d’assécher le marais un réseau hydraulique complexe a été creusé et structure actuellement le marais. Les pentes de chacun des canaux sont relativement faibles réduisant les vitesses d’écoulement des eaux (topographie inversée).
Ce réseau hydraulique contient environ 354 km de canaux dans lesquels les fossés d’écoulements se déversent.
On distingue 6 canaux principaux qui permettent l’évacuation des eaux douces à la mer :

Carte des 3 canaux principaux de St Benoît des-Ondes
Carte des 3 canaux principaux de St Benoît des-Ondes
Carte des 4 canaux principaux de Le Vivier Sur-mer
Carte des 4 canaux principaux de Le Vivier Sur-mer

A St Benoît-Des-Ondes : Le Canal Allemand / Le Biez Jean / Le Biez Brillant

A Le Vivier Sur-Mer : Le Cardequin / Le Canal des Planches / La Banche. Et un fleuve, qui ne fait que passer dans le marais pour se jeter dans la baie : Le Guyoult
Ce dernier n’a pas la fonction d’exonder le marais puisqu’au 13ème siècle le fleuve a été endigué sur 4 km de façon à ce que les eaux qui proviennent des 105 km2 de son bassin versant puissent traverser le marais sans s’y répandre et de déverser directement à la mer.

   L’eau dans le marais est fonction de la pluviométrie, celle qu’il reçoit directement sur 12 000 ha et celle reçue dans tous les bassins versants des différents cours d’eaux sur 30 000 ha. Sa gestion hydraulique doit donc prendre en compte ces eaux qui arrivent de l’amont. De fortes précipitations dans la partie sud du bassin versant peuvent engendrer des inondations dans le marais.
De plus les hauteurs d’eau dans le marais dépendent de l’écoulement gravitaire. En effet, cette eau ne peut être évacuée seulement lorsque le niveau de la mer est assez bas soit environ durant 6 à 7 heures à chaque marée, 3 heures avant et après la basse mer. C’est un marais endigué qui présente comme tous les marais de ce type, la particularité fonctionnelle importante d’un régime comprenant deux périodes principales :
De la fin de l’automne au début du printemps : période favorable aux dépressions et donc aux pluies. Les excédents d’eau sont évacués vers la mer pour protéger les activités en place et les habitants. Il est courant que les eaux que le marais capte soient trop importantes face aux capacités d’évacuation à la mer causant ders inondations dans les marais les plus bas c’est-à-dire proche de la limite sud du marais sur les communes de Mont-Dol, Plerguer, Miniac-Morvan, …
Du début du printemps à la fin de l’automne : période plus clémente, où la pluviométrie est plus faible, ou les températures sont favorables à l’évaporation. Par conséquent, beaucoup moins d’eau circule dans le marais. Certains biefs sont à sec, la végétation hélophyte se développe dégradant parfois l’écoulement des eaux.

   Soumis au climat tempéré océanique, l’association doit réguler le niveau des eaux dans le marais de façon à éviter les inondations et doit dans les périodes sèches maintenir un niveau d’humidité dans le marais. Ce sont ces principaux objectifs à atteindre pour justifier les taxes perçues par les habitants du marais.

   Les moyens techniques de régulation hydraulique :
Afin d’obtenir le maximum de terres cultivables exondées ou seulement inondées sur de périodes les plus courtes possibles, de gros travaux ont été entrepris par les propriétaires du marais dans un premier temps puis par l’Association dans un second temps permettant aujourd’hui la culture de céréales dans les terrains les plus bas du marais, sujets autrefois à des inondations récurrentes et de longue durée (une saison).

Association syndicale des digues et marais de Dol

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Remerciements aux membres de la commission communication, Mme Hélène B. et Emmanuelle P., pour leur collaboration.

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